Contre-vérité n° 2 : Le P1, ça doit prendre une prépa/écurie pour réussir.
Commençons par parler des chiffres qu'arborent de manière très publicitaire ces sociétés :
- Un étudiant qui réussit est un étudiant qui choisit un stage de pré-rentrée ou un accompagnement à l'année, indépendamment de son assiduité (qu'il ait passé 2 semaines en août suffit à l'inclure dans les stats!) ou un étudiant qui venait uniquement chercher ses fiches. Bref, suffit d'avoir laissé un euro à la boîte pour être "potentiellement inclus en cas d'issue favorable".
- Un étudiant qui n'est pas inclus est un étudiant qui n'a pas été présent de manière parfaite à la prépa : une absence suffit à vous mettre hors jeu des statistiques de réussite.
=> Partant de là, vous comprenez qu'après, il suffit de bien choisir des proportions étudiées par rapport au taux de réussite estimé dans une fac, être cohérent dans les chiffres primant/doublant et puis on ajuste les chiffres en jouant sur ceux qui ne réussissent pas.
Mettre 90% de réussite, ça le fait pas donc on corrige les chiffres et on se débrouille pour sortir un chiffre psychologiquement attracteur.
J'attire votre attention sur le fait que le choix d'une prépa est vraiment un choix personnel et qui dépend de la faculté où vous êtes. Dans tous les cas, il faut choisir une prépa "connue" plutôt qu'une petite prépa où pour le coup, on jette encore plus son argent par les fenêtres.
Personnellement, en m'inscrivant en médecine, j'ai pris connaissance de deux faits :
- La prépa est indispensable pour réussir dit-on.
- Le tutorat est génialissime et s'améliore d'année en année.
J'ai continué à me renseigner et puis j'ai compris que la prépa ne serait pas faite pour moi, chose qui m'a été confirmée par le stage de pré-rentrée que j'avais pris pour être sûr de l'ambiance de travail et de leurs méthodes. On ne comprend pas mieux à 35 ce qu'on ne comprend pas seul face à un amphi. L'accompagnement personnel est une utopie que les boites privées essayent de vendre en profitant de la logique suivante :
Au lycée, vous avez été très accompagnés et ça a bien marché. On va vous lâcher à la fac, vous serez seuls. Donc vous raterez. D'où l'intérêt d'être accompagné puisque ça a toujours été comme ça.
Inutile de vous dire que le seul intérêt de mon stage de pré-rentrée a été de me réactiver les neurones plus tôt, perdre 2 semaines de vacances mais être sûr que je ne mettrais jamais les pieds chez eux ! J'ai par contre pris le temps de voir ce qu'on donnait comme exos aux étudiants dans ces boîtes là : des exos que je trouvais décalés de la réalité du concours et qui poussaient le vice jusqu'à vous en inquiéter. Bref, j'appelle ça une façon d'encourager les étudiants à se cramponner à la prépa car ils voient qu'ils ont du mal à faire leurs exos et que donc quelque chose cloche chez eux et qu'il faut des explications ...
En devenant étudiant en première année des études de santé, vous deviendrez d'abord un étudiant universitaire. Vous suivrez les cours qui vous seront dispensés en cours magistral ou par DVD par des enseignants-chercheurs d'une grande qualité académique.
Vous devrez apprendre l'autonomie, la prise en main de soi et la régularité (voir billet précédent pour la régularité).
Vous devrez aussi apprendre le vrai travail personnel. Sans parler de médecine, j'ai toujours entendu qu'un cours de 2h à l'université devait donner lieu à au moins 6h de travail personnel pour reprendre ses notes, les approfondir et accéder aux sources recommandées par l'enseignant-chercheur (souvent son ouvrage). En médecine, c'est exactement le même principe à l'exception du fait qu'il ne faut pas fouiller trop loin en dehors des polycopiés et des supports que vous donne l'enseignant (souvent le cours magistral, ses commentaires, ses diapos et le poly).
Néanmoins, il vous arrivera de vous sentir perdu. Vous irez alors à la quête d'informations en allant sur le canal-questions de l'espace numérique de travail, ou simplement sur ce que j'appelle "l'internet universitaire", ces sites faits par des enseignants-chercheurs très complets et qui vous seront souvent d'un grand secours. Au même titre que la bibliothèque universitaire d'ailleurs.
Je pense que la prépa est un moyen de perdre son temps en étant présent physiquement ailleurs pour au moins deux demi-journées par semaine. Ce temps devrait être consacré à la maîtrise de ses cours, prérequis indispensable aux QCM. Si on se bourre de QCM, on fait le pari qu'ils ne changeront pas trop d'une année sur l'autre et c'est un pari très risqué quand on sait qu'on ne peut redoubler qu'une fois.
Au premier semestre (matières : anatomie/biophysique/physique/chimie générale/chimie organique/biochimie/biologie cellulaire/histo/bio de la repro/bio du développement), les polys étaient en général assez clairs pour que je n'aie pas à chercher de renseignements ailleurs. Il fallait surtout apprendre. Par contre, pour les matières à exos, plutôt que bosser sur des exos douteux de prépa, je faisais mes TD, les exos du tutorat le samedi, et j'avais choisi quelques livres d'exercices géniaux en chimie par exemple. Des exos qui n'étaient pas en QCM d'ailleurs ce qui veut dire que j'en faisais uniquement pendant les TD et le tutorat. Le reste du temps, j'avais à faire à des exos rédigés avec une progression pour acquérir les méthodes. Inutile de vous le cacher, ces bouquins étaient dédiés aux "PCEM/PCEP/DEUG", bref au premier cycle universitaire. Ils étaient faits par un enseignant-chercheur, et une fois qu'on a vérifié que ça correspond à son programme, on fonce. Il ne faut pas se disperser pour rien, mais pour les matières à exos, il n'y a pas vingt mille façons : s'entraîner comme on peut ! Sélectionner un exercice faisable au vu du programme sans se laisser influencer par sa difficulté (dur ne veut pas dire "oh on n'aura jamais !"). Et le faire !
Au deuxième semestre, on a eu davantage de nouveaux enseignements où il fallait appliquer les savoirs-faires des exemples, moins de par coeur pur en somme. Donc pour le coup, c'est pareil : vous avez un cours, des exemples qui vous illustrent ce qu'on vous demandera. Refaîtes les, travaillez les. Puis allez chercher des bouquins que vous jugez dans l'esprit et entraînez-vous. Parfois vous ne trouverez rien. Eh bien vous surtravaillerez le cours et les exemples que le prof devait juger suffisant.
Tout ça pour vous dire que :
- Oui, les cours vous occuperont énormément et dans la majorité des cas, comme en anatomie, il ne sera pas utile de chercher ailleurs car le contrat est clair !
- Il ne faut pas s'interdire de se documenter pour trouver des exercices à faire et s'entraîner. Les prépas au fond vous fournissent des exos douteux. Rien ne vous interdit de chercher des exos faits par vos propres enseignants parfois, sinon par leurs collègues quand la logique du programme est respectée (en chimie par exemple, je trouve ça dur de ne pas respecter le programme : l'acido-basique restera de l'acido-basique ! Pareil pour la thermo !).
- Posez vos questions : vos profs sont dispo sur le canal questions, vos maîtres de conférences répondent à vos questions en TD.
- Préparez vos TD !
- Si vous avez un tutorat, servez-vous en. Le principe n'existe pas qu'en médecine et si les facs leur donnent un soutien matériel et logistique, c'est bien qu'elles jugent intéressant le concept d'être coaché par des étudiants plus âgés. C'est faire parler l'expérience ! Perso, le tuto m'a beaucoup apporté ++++
Au final, il vous faudra faire l'apprentissage du travail personnel puisque l'emploi du temps de la fac est light en horaires pour justement vous permettre de vous investir dans vos apprentissages. Quand un enseignant vous dit que tout est dans le poly, ne vous prenez pas la tête plus que ça. Sinon, jetez un coup d'oeil au cours oral et aux diapos car l'enseignant n'est pas un abruti : il met inconsciemment l'accent sur ce qu'il juge être très important et peut donc donner des indications sans trop le vouloir. Regardez si vos profs publient des bouquins à destination des PAES, ça peut être une source intéressante d'exercices.
J'aime dire que l'Université se donne les moyens de former ses étudiants. Si vraiment il fallait une prépa pour réussir, vous pensez que l'Université laisserait faire ? Bien des concours se préparent dans des instituts et pas à la fac. Si on vous y fait venir, c'est que c'est suffisant pour vous former. Mais il ne faut pas être passif et vraiment vraiment se prendre en main ! L'Université est là pour garantir l'égalité des chances. Elle ne va pas par contre être derrière 2500 étudiants pour être sûr qu'ils ont fait leur TD du lendemain. Vous êtes des grands !
La chose à faire ++++ : cherchez des témoignages de votre fac, les méthodes des gens qui sont passés. Ne les appliquez pas comme un con : inspirez-vous en, essayez les. Bref, forgez vos méthodes à partir de leurs idées ou adaptez les vôtres. Ne soyez pas stupide : remettez-vous en cause si une méthode ne marche pas. S'acharner c'est se tirer une balle dans le pied. Soyez au courant de comment marchent les choses avant de mettre les pieds en PAES.
Voili voilou pour cette contre-vérité là.